Dernière minute
Société
Il y a un air d'indécence dans la scène. Après Monaco, c'est au tour de Barcelone d'accueillir la campagne de promotion Visit RDC, alimentée par un important investissement public, dix millions de dollars, pour être exact. Sur le papier, l'objectif est louable : présenter au monde les…
Culture
Forum éco
Caricature
Sport
Enjeux de l’heure
Dans un communiqué conjoint d'un ton grave et sans ambiguité signé le samedi 12 juillet, les plates-formes des organisations de la société civile congolaise, regroupant plus de 2 500 ONG de…
Étranger
L'économie numérique, en tant que moteur important pour un développement de qualité, constitue un sujet incontournable dans les échanges internationaux. Vendredi, des représentants des pays de l'…
Nation
Fiché depuis des années, Dan Gertler a fait l'objet d'investigations sans que les accusations de corruption des fonctionnaires congolais portées contre lui soient avérées. Des documents d'…
L'Opposition et les forces vives démontent l'accord de paix signé à Washington
À peine signé, déjà contesté. L'accord de paix entre la RD-Congo et le Rwanda, paraphé le 27 juin à Washington, divise profondément la classe politique congolaise. Si le texte, présenté comme " historique " par les États-Unis, ambitionne de mettre fin à trois décennies de conflit meurtrier dans l'Est de la RDC, il ne convainc pas l'opposition ni plusieurs forces sociales congolaises, qui y voient une réponse incomplète et politiquement biaisée.
Dans une déclaration commune rendue publique samedi 12 juillet, une coalition de partis politiques et d'organisations citoyennes a exprimé ses "sérieuses réserves" quant à la portée réelle de cet accord. Parmi les signataires, des figures emblématiques telles qu'Olivier Kamitatu (Ensemble pour la République), Raymond Tshibanda (FCC), Claudel Lubaya (UDEAO), Jean-Jacques Lumumba (Convention de la Société Civile Citoyenne) ou encore Franck Diongo (MRC).
Le principal reproche adressé au texte signé à Washington est sa lecture strictement bilatérale de la crise. Selon les auteurs de cette déclaration, en se focalisant sur la normalisation des relations entre Kinshasa et Kigali, l'accord négligerait l'implication d'autres puissances régionales ainsi que l'écheveau complexe de groupes armés dans la région des Grands Lacs. Il ignorait aussi et surtout les racines internes du mal congolais.
C'est pourquoi, ils affirment tous prendre acte de la signature du texte sous l'égide des États-Unis, mais dénoncent ses limites structurelles et politiques.
"Le texte signé aux États-Unis ne permet pas de garantir une paix durable. Il se limite à une lecture bilatérale de la crise, en négligeant l'implication d'autres puissances régionales", peut-on lire dans la déclaration.
Omission des causes internes
Pour les opposants, le plus grave reste l'omission délibérée, selon eux, des causes internes de la crise congolaise. La déclaration accuse le pouvoir de Kinshasa d'autoritarisme et de dérive autocratique.
"Les causes profondes de la crise congolaise sont principalement internes", insistent les signataires, qui dénoncent notamment "le recul de la démocratie, le retour à un exercice du pouvoir qui s'apparente de plus en plus à la dictature, la violation récurrente de la Constitution et des lois, les violations graves et répétées des droits humains, le harcèlement judiciaire des opposants, les arrestations arbitraires, les détentions illégales, le tribalisme, le népotisme, la corruption et les détournements massifs des fonds publics".
Les partis et plateformes signataires affirment que sans traitement adéquat de ces causes endogènes, "la crise congolaise persistera et la paix véritable et durable ne sera rien de plus qu'un mirage".
Le rejet d'un "dialogue faire-valoir"
Face à ce constat, les forces politiques et sociales appellent à l'ouverture d'un dialogue national inclusif et sans conditions. Un processus qu'elles estiment déjà proposé par les évêques de la CENCO et de l'ECC.
"Le seul cadre approprié pour débattre des causes profondes de la crise et dégager un consensus national essentiel au rétablissement de la démocratie, à la restauration de la cohésion nationale et à une paix sociale durable, c'est un dialogue sincère entre Congolais", affirment-elles.
Elles réitèrent leur soutien à l'initiative des évêques catholiques et protestants, "un dialogue représentatif des forces politiques et sociales congolaises et dont l'agenda ouvert permet aux participants de traiter, sans tabous, de tous les sujets pertinents, avec pour seuls objectifs l'État de droit, la paix et la concorde nationale".
Mais cette démarche, selon elles, se heurte à des obstacles dressés par le pouvoir en place, accusé de vouloir instrumentaliser le processus.
"Le pouvoir torpille ce dialogue en posant des conditions qui portent atteinte à l'indépendance des facilitateurs, au caractère inclusif et à l'exhaustivité de l'agenda du dialogue", dénoncent les signataires, qui rejettent fermement ce qu'ils appellent "un dialogue faire-valoir voulu par le Pouvoir".
Ils accusent en outre le gouvernement de chercher à "remettre sur les rails le projet mort-né d'un Gouvernement dit d'Union Nationale", qu'ils considèrent comme une manœuvre pour "se garantir ainsi une issue favorable à ses intérêts et non à ceux du Congo et des Congolais".
Le pouvoir accusé d'être partie prenante au problème
"Étant partie au problème, ce pouvoir ne peut donc décider unilatéralement des conditions requises pour la solution du problème", déclarent-elles.
Dans leur mise en garde, les signataires appellent le pouvoir à cesser ses politiques d'exclusion, qu'ils estiment dangereuses pour la stabilité nationale.
"Ne pas persister dans l'erreur que représente sa politique de stigmatisation et d'exclusion d'une partie, chaque jour plus importante, de la population et de la classe politique congolaises", écrivent-ils, avant de conclure avec gravité :
"À noter que si, après avoir allumé l'incendie, il empêche les pompiers d'intervenir, le jugement de l'histoire à son endroit sera impitoyable et sans appel".
Accord historique
Présenté comme un accord historique par le secrétaire d'État américain Marco Rubio, l'accord a été signé par Thérèse Kayikwamba Wagner, ministre congolaise des Affaires étrangères, et Olivier Nduhungirehe, son homologue rwandais. Il comprend deux volets : sécuritaire (cessation des hostilités, retrait progressif des troupes rwandaises, engagement à ne plus soutenir les groupes armés comme les FDLR ou le M23) et économique (coopération dans l'hydroélectricité, la gestion des parcs nationaux, la traçabilité des minerais).
Mais pour les signataires de la déclaration du 12 juillet, ce cadre bilatéral est trop étroit pour résoudre un conflit aussi complexe.
Malgré les nombreuses inertitudes, une lueur d'espoir demeure. Le texte signé à Washington prévoit la création d'un comité conjoint de suivi, avec la participation de l'Union africaine, du Qatar et des États-Unis. Ce mécanisme devra surveiller l'application des engagements, enregistrer les violations et prévenir les dérapages.
Tshisekedi et Paul Kagame attendus à Wanshington
En coulisse, les préparatifs vont bon train pour la signature finale de l'accord à la Maison Blanche. Le président américain Donald Trump a annoncé que Félix Tshisekedi et Paul Kagame parapheront officiellement le texte d'ici la fin du mois de juillet. Il y voit une réussite diplomatique majeure, capable de lui valoir une reconnaissance internationale.
Mais les observateurs avertis savent que les symboles ne suffisent pas à changer la réalité sur le terrain. Le M23, acteur central du conflit, n'a pas été associé aux négociations. Les discussions parallèles menées à Doha sous médiation qatarie piétinent.
"Il ne s'agit pas de simples mots sur du papier. Ils doivent être traduits en actes", a prévenu la ministre congolaise Thérèse Wagner.
Washington et ses intérêts stratégiques
Ce retour en force des États-Unis dans les Grands Lacs africains ne relève pas uniquement de considérations humanitaires. Derrière le vernis diplomatique, l'administration Trump affiche des objectifs géostratégiques clairs : contrer l'influence chinoise, sécuriser l'accès américain aux minerais stratégiques de la région et relancer son leadership dans un continent convoité.
L'accord prévoit en ce sens un vaste programme de coopération économique RDC-Rwanda, centré sur les infrastructures, l'énergie et la sécurité transfrontalière, avec l'appui logistique et financier de Washington.
Ézéchiel Monteirious MONTEIRO