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Maroc - Algérie à l’Union africaine, une bataille diplomatique où Rabat impose son rythme
L’échiquier diplomatique africain est actuellement le théâtre d’une confrontation majeure entre le Maroc et l’Algérie, dont l’issue éclaire avec une acuité particulière la recomposition des forces au sein de l’Union africaine (UA). L’échec algérien à obtenir un siège au Conseil de paix et de sécurité (CPS), malgré des moyens colossaux et une intense campagne de lobbying, marque une défaite symbolique et stratégique pour Alger, tandis que Rabat s’affirme comme un acteur influent, capable de redéfinir les équilibres institutionnels sur le continent.
COMMENT LE MAROC DÉCONSTRUIT L’INFLUENCE ALGÉRIENNE AU SEIN DE L’UNION AFRICAINE
En effet, depuis son retour au sein de l’UA en 2017, après plus de trois décennies d’absence, le Maroc a méthodiquement déconstruit les leviers d’influence dont disposait l’Algérie au sein des instances panafricaines, et en particulier au CPS, un organe stratégique de 15 membres disposant de prérogatives cruciales en matière de maintien de la paix, de sanctions et de résolutions des conflits. Longtemps, cet espace avait servi d’instrument de résonance aux thèses algériennes et aux revendications séparatistes du polisario. Rabat, en investissant cette arène, a su imposer un contre-discours efficace et remodeler les dynamiques décisionnelles. Ainsi, le scrutin du 12 février 2025, qui devait renouveler la composition du CPS, a ainsi cristallisé une lutte d’influence d’une rare intensité entre les deux pays du Maghreb. Dans un premier temps, l’Algérie, auto-convaincue de son pseudo-poids et du principe de rotation entre les États membres, tablait sur une victoire quasi acquise. Le Maroc, quant à lui, a fait le choix d’une approche plus nuancée : plutôt que de mener une campagne agressive pour sa propre réélection, il a orienté ses efforts vers un objectif plus tactique, celui de bloquer la candidature algérienne.
Les résultats du vote ont infligé à l’Algérie un camouflet retentissant. Après six tours infructueux, où Alger devançait sans jamais atteindre la majorité qualifiée des deux tiers, le Maroc s’est retiré du scrutin. Une décision stratégique murement réfléchie par la diplomatie marocaine. En se désistant, Rabat laissait Alger seule en lice pour le dernier tour, une position qui aurait dû théoriquement garantir sa victoire. Pourtant, malgré l’absence de tout concurrent, Alger a échoué à obtenir le seuil requis. Un fait sans précédent dans l’histoire de l’UA, qui traduit un rejet implicite de la candidature algérienne par une partie significative des États membres.
L’onde de choc a été immédiate. Dès la proclamation des résultats, le ministre algérien des Affaires étrangères, Ahmed Attaf, quittait précipitamment Addis-Abeba, accompagné de sa délégation, dans un climat de déroute et d’amertume. La machine diplomatique algérienne, qui avait déployé des moyens financiers colossaux pour influencer le vote, jusqu’à susciter des soupçons de corruption avec des valises de billets circulant dans les couloirs de l’UA, se heurtait à une réalité implacable : Alger n’a pas l’aura ni d’influence en Afrique.
UNE DIPLOMATIE MAROCAINE AFFIRMÉE FACE À L’IMPASSE ALGÉRIENNE
Loin d’être une simple péripétie électorale, cet épisode illustre la maturité et la finesse de la diplomatie Royale. Contrairement aux méthodes algériennes, fondées sur l’achat de soutiens et une rhétorique rigide, Rabat a choisi une approche plus intelligente, combinant lobbying discret et construction d’un consensus autour de la nécessité de contrecarrer les nuisances de l’Algérie. Plutôt que de se focaliser sur son propre siège, le Maroc a utilisé sa présence au CPS pour bâtir une coalition susceptible d’empêcher Alger d’y revenir.
Les tournées du directeur des services de renseignement extérieur, Yassine Mansouri accompagné du ministre marocain des Affaires étrangères, ont ainsi permis de rallier des États influents à cette cause. Angola, Congo-Brazzaville, Rwanda : ces pays clés ont pesé dans le vote final et illustré le repositionnement de Rabat sur l’échiquier continental. Cette stratégie du « blocage actif » a porté ses fruits : en paralysant la candidature algérienne, le Maroc a non seulement empêché son rival de s’imposer au CPS, mais il a aussi renforcé son image d’acteur structurant de la diplomatie africaine, en phase avec les dynamiques institutionnelles du continent.
Ce revers majeur pour l’Algérie intervient alors qu’une autre bataille se profile à l’UA : celle de la vice-présidence de la Commission en charge des finances, un poste clé convoité par le Maroc et pour lequel Rabat aligne une candidate de poids, Mme. Latifa Akharbach. Face à elle, l’Algérie tente de promouvoir Selma Malika Haddadi, une diplomate peu expérimentée et dont le profil ne convainc guère, y compris au sein même de l’appareil diplomatique algérien.
Le fiasco du CPS pourrait donc annoncer une autre déconvenue pour Alger, qui peine à mobiliser des soutiens solides. Au contraire, le Maroc semble bénéficier d’un alignement favorable, fruit de plusieurs années d’un travail de fond visant à repositionner le Royaume comme un interlocuteur crédible et incontournable au sein des institutions panafricaines.
CONCLUSION
En définitive, cette séquence diplomatique met en lumière un basculement profond des rapports de force en Afrique du Nord et au sein de l’UA. L’Algérie, jadis considérée comme un acteur influent sur le continent, se retrouve isolée, décrédibilisée et incapable d’imposer son agenda. Ses méthodes archaïques (corruption, pressions, discours anachroniques) ne séduisent plus et semblent désormais contre-productives. Le Maroc, en revanche, s’impose progressivement comme une puissance diplomatique agile, capable de conjuguer influence et pragmatisme. Loin des démonstrations tapageuses et des postures figées, Rabat joue la carte de la stratégie à long terme, avec une approche qui privilégie le dialogue, l’influence discrète et l’adaptation aux nouveaux équilibres africains. Le double KO infligé à l’Algérie, son éviction du CPS et la probable défaite de sa candidate à la vice-présidence, marquera ainsi un tournant majeur : celui d’un Maroc qui, sans triomphalisme excessif, s’installe durablement comme un acteur central du jeu politique africain, tandis que son rival s’enfonce dans une spirale de marginalisation.
Dr. Talal CHERKAOUI