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Zohour Alaoui : L’apprentissage tout au long de la vie comme fondement de la cohérence sociétale, de la stabilité politique et de la paix durable
Depuis 2025, S. E. Mme Zohour ALAOUI, ambassadrice du Royaume du Maroc à Berlin, en Allemagne, est vice-présidente du Conseil d’administration de l’Institut de l’UNESCO pour l’apprentissage tout au long de la vie. Dans un entretien, elle explique l’importance de l’apprentissage tout au long de la vie pour son propre pays mais aussi à l’échelle mondiale, en soulignant le rôle crucial qu’elle envisage pour l’UIL en vue de garantir que chacun et chacune ait la chance d’apprendre.
S. E. Mme Alaoui, pourquoi avons-nous besoin de l’apprentissage tout au long de la vie, et quel impact pensez-vous qu’il a sur les individus et les sociétés ?
Les défis majeurs auxquels l’humanité est confrontée, notamment les changements rapides, la crise climatique, les mutations technologiques et démographiques, ainsi que les impacts de la pandémie de COVID-19 et les inégalités qu’elle a accentuées, exigent que les sociétés se conçoivent comme des sociétés apprenantes et les individus comme des apprenants tout au long de leur vie. Dans ce contexte, l’apprentissage tout au long de la vie (ATLV) devient un levier essentiel pour relever ces défis afin de favoriser le développement personnel des individus et de contribuer aux progrès économique, social, culturel et environnemental de la société.
Pour les individus, l’ATLV joue un rôle central dans le développement humain. Il permet d’acquérir en permanence des compétences, d’améliorer leur employabilité et leur accès à un travail décent, d’élever les conditions de vie et de favoriser l’épanouissement personnel. Il contribue ainsi à former des citoyens responsables et engagés.
À l’échelle des sociétés, l’ATLV constitue un moteur du développement durable. Il joue un rôle important dans la réduction des inégalités, la lutte contre la pauvreté, l’accès à un emploi productif et l’amélioration de la santé et du bien-être. Il favorise aussi le développement de villes inclusives, sûres, résilientes et durables.
Quels défis et opportunités uniques voyez-vous dans le contexte de l’apprentissage tout au long de la vie au sein de votre pays d’origine, le Royaume du Maroc ?
Le cas du Royaume du Maroc revêt un caractère particulier et intéressant. En effet, mon pays se distingue par son solide engagement en faveur de l’ATLV qui se manifeste à plusieurs niveaux, à savoir :
1. Un engagement au plus haut niveau : Celui-ci s’est exprimé avec force.
Tout d’abord, il y a lieu de signaler que le Maroc a été le premier pays arabe et africain à accueillir la Conférence internationale sur l’éducation des adultes mise en place par l’UNESCO en 1949.
Ensuite, il importe de souligner que la CONFINTEA VII, qui s’est tenue à Marrakech en juin 2022 a été placée sous le Haut Patronage de Sa Majesté le Roi Mohammed VI.
Enfin, dans le message royal qui a été lu par le chef du gouvernement, Sa Majesté le Roi a clairement établi que le Royaume du Maroc « réaffirme son adhésion effective au principe d’apprentissage tout au long de la vie » ;
2. Un réseau de villes apprenantes dynamique : Sept villes marocaines (Benguerir, Chefchaouen, Marrakech, Fès, Essaouira, Agadir et Ifrane) ont, d’ores et déjà, intégré le Réseau mondial des villes apprenantes, menant des initiatives éducatives structurantes. D’autres villes sont par ailleurs vivement intéressées ;
3. Un leadership continental : le Maroc est à l’origine de la création de l’Alliance des Commissions nationales et des villes apprenantes africaines ;
4. Un institut dédié à l’ATLV en Afrique : suite à la proposition de Sa Majesté le Roi, un institut dédié à l’ATLV en Afrique a été créé en partenariat avec l’UIL, l’Alliance des Commissions nationales et des villes apprenantes africaines et des partenaires nationaux. Il vise à promouvoir la coopération Sud-Sud et le partage des bonnes pratiques ;
5. Un observatoire de l’ATLV : l’Université Sidi Mohamed BEN ABDELLAH à Fès dispose aujourd’hui d’un observatoire de l’ATLV qui est doté du statut de chaire UNESCO. Cet observatoire a pour objectif de renforcer la recherche et l’innovation dans l’ATLV ;
6. Une dynamique forte impulsée par l’action concertée des secteurs public et privé, des universités, des collectivités, de la société civile et des partenaires internationaux pour promouvoir l’éducation des adultes.
Les États membres de l’UNESCO ont adopté le Cadre d’action de Marrakech lors de la septième Conférence internationale sur l’éducation des adultes au Royaume du Maroc en 2022. Selon vous, comment l’UIL peut-il soutenir les États membres dans la mise en œuvre de ce cadre important ?
Pour soutenir efficacement les États membres dans la mise en œuvre du Cadre d’action de Marrakech, il est essentiel de renforcer la communication, la sensibilisation, le développement des capacités et le partage d’expériences. Ces actions fourniront aux Etats les outils nécessaires pour transformer leurs engagements en initiatives concrètes et durables ;
L’UIL doit également jouer un rôle clé en tant qu’instance de soutien et d’accompagnement. Elle doit nécessairement aider les États à opérationnaliser l’ATLV, notamment dans les zones de conflits et en réponse aux urgences humanitaires et environnementales ;
Par ailleurs, il est crucial qu’un système d’évaluation performant soit développé pour mesurer et valoriser les efforts des États en matière d’ATLV, en veillant à leur alignement avec les ambitions fixées. Aussi, un suivi structuré des orientations adoptées s’impose pour identifier des leviers d’action adaptés aux besoins spécifiques des États et maximiser leur impact.
Dans ce cadre, l’activation et la dynamisation de la commission interministérielle post-CONFINTEA VII, proposée dans le message royal, sont à même d’activer et d’accélérer une application effective des recommandations, avec une attention particulière au niveau continental.
Qu’espérez-vous réaliser en tant que nouvelle vice-présidente du Conseil d’administration de l’UIL ?
Le Conseil d’administration de l’UIL définit les orientations stratégiques de l’Institut et veille à l’amélioration continue de ses activités. En tant que vice-présidente, je suis pleinement engagée et mobilisée par rapport à la centralité du rôle de l’Institut et de l’ATLV comme vecteur complémentaire mais essentiel dans la recherche des Objectifs de développement durable (ODD).
Aussi, il me parait important d’œuvrer à l’atteinte des résultats suivants :
· l’accélération de la mise en œuvre du Cadre d’action de Marrakech, ce qui nécessite un suivi rigoureux et une adaptation aux réalités des États membres ;
· le renforcement de la coopération Sud-Sud et Nord-Sud en favorisant notamment l’échange d’expériences et de bonnes pratiques ;
· la vulgarisation de l’ATLV comme droit fondamental et levier essentiel pour les autres droits ;
· l’intégration de l’innovation et du numérique en vue de permettre des opportunités d’apprentissage flexibles et inclusives.
En effet, il s’agit de bien prendre conscience du fait que dans un monde caractérisé par des incertitudes croissantes elles-mêmes exacerbées par des tensions géopolitiques et des économies fragilisées, l’ATLV est devenu un impératif pour la stabilité et le développement durable de tout État.
Aussi, l’ATLV ne peut plus être confiné à un rôle éducatif. Il constitue aujourd’hui un outil pédagogique de communication et de renforcement des capacités à même de renforcer la résilience et l’inclusivité des sociétés.
En renforçant les économies, en réduisant les inégalités, l’ALTV continue à assurer une cohérence sociétale et une stabilité politique sans lesquelles aucun développement ni aucune paix durable ne sont envisageables. D’où la nécessité majeure de mobiliser davantage la communauté internationale en faveur de l’apprentissage tout au long de la vie.