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Flammes 2025 : Corneille, Kery James et Franglish solidaires des victimes de Goma
Lors de la troisième édition des Flammes, le mardi 13 mai à Paris, la musique s’est muée en acte de solidarité. Sur la scène de cette cérémonie dédiée aux cultures urbaines, le chanteur RnB Corneille, le rappeur engagé Kery James et l’artiste franco-congolais Franglish ont chacun, à leur manière, lancé un cri du cœur en soutien aux populations meurtries de l’Est de la RD-Congo notamment à Goma, en proie aux atrocités perpétrées par les groupes armés dont le M23/AFC soutenu par le régime sanguinaire de Kigali.
Les projecteurs des Flammes 2025 ont illuminé bien plus que le talent des artistes des cultures urbaines. Ce soir-là, entre les rythmes du hip-hop et les éclats du RnB, des voix se sont élevées, plus fortes que les applaudissements. Des voix pour Goma. Des voix pour l’Est de la République démocratique du Congo, déchirée par des décennies de violences.
Le tapis rouge avait à peine absorbé les premiers pas que déjà, l’émotion planait dans l’air. Corneille, blouson jeans sobre et regard grave, monte sur scène. Le public l’accueille avec chaleur. Il n’a encore rien dit. Mais lorsqu’il prend le micro, ce n’est pas pour interpréter « Parce qu’on vient de loin». Non. C’est pour parler de là-bas. De cette terre qui l’a accueilli, adolescent fuyant les massacres du Rwanda (NDLR génocide rwandais en 1994)
«Goma m’a ouvert les bras quand j’ai perdu les miens», confia-t-il, la voix posée mais le cœur visible. «Ce pouvoir, chez nous, veut nous prêter des combats qui ne sont pas les nôtres», lâche-t-il, une pique assumée à l’endroit du régime de Kigali. Dans la salle, des applaudissements effrénés fusen t avant que le silence, presque religieux s’installe. Corneille ne parle pas en politique, mais en témoin. En frère. En survivant du genocide rwandais.
Il évoque la fraternité entre Congolais et Rwandais, cette proximité que les armes tentent d’effacer mais que la mémoire ravive. Il parle d’amour, non pas comme posture artistique, mais comme acte de résistance. «Aussi longtemps que je me souvienne, les Congolais sont mes frères, sont mes sœurs. On va essayer de résister en amour», répète-t-il. Ses mots claquent, doux mais puissants, dans un monde où l’on crie souvent pour se faire entendre.
Puis vient Kery James. Fidèle à lui-même, le poing levé dans les textes comme dans les causes. Il ne chante pas, il assène.
«Qui prétend faire du rap sans dénoncer les massacres qui ont eu lieu au Congo dans l’indifférence ? »
Un cri. Une interpellation. Loin des discours aseptisés, il rappelle que le micro, dans ses mains, est aussi un mégaphone de la mémoire collective. Il n’y a pas d’art neutre, pas de rimes creuses quand la mort rôde dans l’Est du Congo.
Et puis Franglish, plus jeune, plus discret, mais tout aussi concerné. Le regard vers l’assistance, il salue l’importance des Flammes, mais ajoute sans détour.
«J’ai une très grosse pensée pour ce qui se passe au Congo, à Goma. Ça fait plus de 30 ans que ça dure. » Une phrase simple. Mais qui porte tout le poids de l’oubli international, de l’indifférence médiatique, de la lassitude des cris sans écho.
Lui, dont les morceaux flirtent avec les charts européens, n’oublie pas ses racines. Il parle d’attention, d’espoir, de l’idée qu’à travers la musique, peut-être, les choses peuvent bouger. Un mot après l’autre, les frontières s’effacent.
Et soudain, les Flammes prennent une autre dimension. Ce n’est plus seulement une célébration de la culture urbaine. C’est un acte de mémoire. Un espace où la douleur du Congo a trouvé un écho. Où les projecteurs éclairent non pas seulement les visages, mais les injustices.
Christian-Timothée MAMPUYA