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Constant Mutamba se dit prêt pour la prison
* Le ministre de la Justice a pris l'option de défier le Procureur général près la Cour de cassation.
C’était un lundi orageux, au cours duquel ce ne sont ni les nuages ni la pluie qui grondaient au-dessus du Palais de justice. C’est la voix du ministre d’État, ministre de la Justice et Garde des Sceaux, Constant Mutamba, qui a résonné comme un tonnerre dans la cour du Palais de justice à Kinshasa-Gombe. En effet, dans une déclaration aussi virulente que théâtrale, ce dernier a réagi au réquisitoire du procureur général près la Cour de cassation, Firmin Mvonde.
Le décor est solennel, presque solennellement provocateur. Entouré de cadres et agents de son ministère, Constant Mutamba choisit son terrain en l’occurrence, le siège même de la justice congolaise, comme pour signifier qu’il ne se dérobe pas. Mais c’est plutôt avec une colère froide qu’il défie la justice qu’il est censé incarner. Dans son discours, de mots tranchants comme des lames, ont fusé sous les voûtes du bâtiment,
«Dites au Procureur général près la Cour de cassation que je n’ai pas peur de la prison. Je suis prêt. Qu’ils viennent m’arrêter chez moi !», lance-t-il, s’adressant aux caméras et aux murmures d’un public médusé.
La cible de sa colère
La cible de sa colère, Firmin Mvonde, est l’auteur d’un réquisitoire transmis à la Chambre basse du Parlement dans lequel il demande la levée des immunités parlementaires du ministre de la Justice afin de permettre l’ouverture d’une information judiciaire.
En toile de fond : un projet de construction d’une prison moderne à Kisangani, dans la province de la Tshopo. Un projet de 3.000 places, estimé à 29 millions de dollars, selon le ministre. Mais pour le procureur général Firmin Mvonde, l’histoire est plus trouble. Il évoque un détournement présumé de 39 millions, dont 19 millions issus du Fonds de réparation pour les victimes des crimes de guerre ougandais (Frivao), qui auraient été virés à une entreprise privée – Zion Construction SARL créée à peine un an auparavant.
Dans son réquisitoire transmis à l’Assemblée nationale, Firmin Mvonde accuse Mutamba de violations graves des procédures de passation de marché, et a demandé la levée de ses immunités pour engager des poursuites. La démarche a été officiellement annoncée en plénière par le président de l’Assemblée nationale, Vital Kamerhe, le 21 mai. Une commission spéciale a été constituée pour auditionner le ministre, avant un éventuel vote sur l’ouverture d’une information judiciaire.
Mutamba défie
Une accusation à laquelle Mutamba répond par le défi et l’accusation inverse : « Celui qui fait l’objet d’enquête ne peut pas enclencher une action contre le ministre de la Justice. C’est une faute disciplinaire grave », assène-t-il
Le ministre de la Justice dénonce une cabale politique dont le but serait de l’humilier. «Ils disent que j’ai tenté de fuir en Tanzanie. Dites-leur que je suis ici, à Kinshasa, au Palais de justice. Je suis venu les affronter», a-t-il insisté avec une ferveur presque mystique, invoquant «le dieu de ses ancêtres» contre ce qu’il considère comme une injustice orchestrée.
Mais cette déclaration n’était pas qu’une démonstration d’orgueil personnel. Elle s’est accompagnée d’un ordre clair. En effet, le ministre interdit aux responsables de son administration le secrétaire général de la Justice, le directeur des services pénitentiaires de répondre aux convocations du parquet.
«Ils n’iront pas là-bas», tranche-t-il. Ainsi, Mutamba ne se contente pas de refuser de coopérer, il bloque aussi la collaboration de ses subordonnés avec la justice.
Au-delà des accusations et des contre-accusations, l’opinion publique assiste à un duel à ciel ouvert alors que Mutamba est censé incarner l’ordre, la légalité et la rigueur morale.
Christian-Timothée MAMPUYA