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Kabila entame une série de consultations citoyennes ce mercredi à Goma
Il n'y a désormais plus de doute, Joseph Kabila Kabange séjourne bel et bien à Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu. Arrivé discrètement dans la nuit du dimanche 25 au lundi 26 mai, le sénateur à vie entame dès ce mercredi 28 mai une série de consultations citoyennes. C'est ce qu'indique un communiqué de presse officiel diffusé hier sur la page " Reconstruire la RDC ".
Mais plus encore, cette communication révèle l'agenda de l'ancien président de la République démocratique du Congo (RDC), qui entend mener, dès ce mercredi 28 mai 2025, une série de consultations citoyennes " visant à recueillir les préoccupations et propositions des différentes forces vives de la nation face aux défis actuels ".
Sans avoir encore fait de déclaration publique, Joseph Kabila adopte pour l'instant une posture d'écoute. Selon ses proches, il souhaite "s'imprégner de la situation" et rencontrer tour à tour les responsables religieux, les chefs coutumiers, les représentants des corporations professionnelles, les acteurs économiques, les associations de jeunes et de femmes ainsi que la société civile. Sans doute pour établir un diagnostic complet de la crise qui frappe la région et le pays.
Depuis son arrivée discrète dans la nuit du dimanche 25 au lundi 26 mai, le mystère planait sur ses intentions. Aucun discours officiel, pas de conférence de presse, et encore moins une photo de lui. Mais les langues se sont déliées.
Selon ACTUALITE.CD, tout un programme d'activités a été minutieusement préparé. L'ex-chef d'État prévoit de rencontrer tour à tour les confessions religieuses, les représentants de la société civile, les autorités locales, les chefs coutumiers, les organisations féminines, les jeunes, les acteurs économiques, les avocats, les journalistes et même les responsables du secteur de la santé. " Il doit écouter tout le monde, ce que chacun pense de ce qui se passe ", confie une source proche du comité d'organisation citée par le média congolais.
Joseph Kabila entend tracer un " chemin de vérité " sur la crise multidimensionnelle qui secoue le pays : insécurité persistante, effondrement de l'économie locale, corruption endémique et perte de repères institutionnels.
Pourtant, cette démarche d'écoute et de propositions se tient moins d'une semaine après son levé de l'immunité parlementaire de Joseph Kabila à la suite d'un réquisitoire de l'auditeur général des FARDC près la Haute Cour Militaire. Ce dernier l'accuse de participation à un mouvement insurrectionnel, de collusion avec une puissance étrangère (le Rwanda), et de soutien financier présumé à l'AFC/M23. Des accusations graves, alimentées par un faisceau de présomptions et de documents encore couverts par le secret de l'instruction.
Loin de fuir ces soupçons, Joseph Kabila semble vouloir les affronter politiquement, depuis Goma même, du territoire où se concentre la rébellion qu'on l'accuse de soutenir. Selon ACTUALITE.CD, il a même reçu ce mardi 27 mai Corneille Nangaa, coordonnateur politique de l'AFC/M23, ainsi que Bertrand Bisimwa, un de ses principaux lieutenants. Une " prise de contact ", selon les proches des deux camps, que d'aucuns qualifient déjà de " salamalek stratégique "
L'ancien chef de l'État prévoit également de recevoir les organisations féminines, la Fédération des Entreprises du Congo (FEC), les chefs coutumiers et les leaders communautaires. Par ailleurs, des contacts sont toujours en cours avec d'autres structures avant l'envoi des invitations officielles. " Les listes sont dressées et la répartition des tâches est en cours afin de fixer les rendez-vous. Il a dirigé le pays, il sait qu'avant de prendre une décision ou d'élaborer un plan, il faut d'abord comprendre ce qui se passe ", a ajouté une autre source.
Joseph Kabila souhaite entamer ses consultations par les confessions religieuses, notamment la CENCO et l'ECC, qu'il pourrait recevoir ensemble ou séparément, sans exclure d'autres confessions. À l'issue de ces échanges, il prévoit une conférence de presse à Goma afin de communiquer ses conclusions.
Réaction du gouvernement
Patrick Muyaya Katembwe, est monté au créneau pour rappeler la position du gouvernement. Devant la presse, mardi 27 mai, aux côtés de son collègue du Commerce extérieur, Julien Paluku Kahongya, le porte-parole du gouvernement a réaffirmé que les priorités de Kinshasa restent centrées sur les pourparlers avec le Rwanda, sous l'égide des États-Unis.
"?Nous sommes depuis deux ans engagés dans un front contre le Rwanda. L'ennemi avec lequel nous négocions aujourd'hui à Washington, c'est bien le Rwanda. Il n'est donc pas question de nous laisser distraire par ceux qui ont un rôle secondaire dans cette crise?", a déclaré Patrick Muyaya. Il a ajouté que l'attention du gouvernement est orientée vers la résolution du conflit à la racine, et non vers ce qu'il qualifie de "?tentatives de congolisation?" d'un problème d'origine extérieure.
Réagissant à la présence de l'ancien président à Goma, Muyaya a été encore plus incisif. "?Nous n'avons pas de temps à consacrer à des gesticulations qui veulent nous ramener dans un passé que nous devons absolument oublier?".
L'ancien chef de l'État, qui a récemment dressé un tableau sombre de la gouvernance actuelle et proposé un "?pacte citoyen?", a été qualifié par Muyaya d'"?homme du passé?". Une formule que le ministre assume pleinement.
"J'avais dit il y a quelques jours que le président honoraire est un homme du passé. Le passé de la guerre, de la compromission de nos minerais avec le Rwanda, de la corruption et de la concussion. C'est ce passé-là dont les Congolais n'ont plus besoin", a-t-il insisté.
S'adressant à ceux qui voient en Kabila un recours face à la crise actuelle, Muyaya a balayé toute illusion.
"Quand on parle de mettre fin à la tyrannie dans un contexte démocratique, il faut se demander comment on compte y parvenir. Ce que certains veulent dire à la population de Goma, c'est 'préparez-vous, on va faire la guerre'. Il faut avoir le courage de le dire clairement. Mais ce n'est pas la voie que le gouvernement a choisie".
Face aux accusations à peine voilées de Joseph Kabila contre le régime Tshisekedi, le pouvoir en place préfère, selon Muyaya, rester concentré sur l'essentiel.
"Aujourd'hui, nous devons rester unis derrière le président de la République et mettre fin à cette guerre. Le reste n'est que distraction", affirme Muyaya.
Christian-Timothée MAMPUYA