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ÉCHEC DE LA TRIPARTITE DE LUANDA : L'Opposition envisage d'explorer d'autres voies, l'UE déçue
*Le Dr Mukwege appelle à redynamiser l'Accord-cadre d'Addis-Abeba.
L'annulation du sommet tripartite prévu le 15 décembre à Luanda, entre les présidents Rd-congolais, rwandais et angolais, fait l'objet de vives réactions tant sur la scène nationale qu'internationale. Si les leaders congolais et angolais ont poursuivi leurs discussions en tête-à-tête, la diplomatie régionale mise en place par l'Union africaine est désormais confrontée à la nécessité de repenser les voies pour résoudre la crise sécuritaire et politique qui secoue l'Est de la RDC.
À Kinshasa, l'annulation de la tripartite a alimenté des débats parmi les leaders de l'opposition. Hier lundi 16 décembre, Martin Fayulu, président de l'Engagement pour la citoyenneté et le développement, a rencontré Delly Sesanga, également leader de l'opposition, pour discuter des enjeux politiques et sécuritaires. Selon Delly Sesanga qui s'est exprimé sur son compte X anciennement Twitter, leur échange a porté sur la nécessité de trouver des alternatives à la situation actuelle.
"Il est essentiel de maintenir un cadre démocratique stable et propice pour répondre aux aspirations des citoyens", a-t-il déclaré. Il souligne à l'occasion la persistance des crises humanitaires avec des centaines de milliers de Congolais dans les camps de déplacés et la partie du territoire national toujours occupée par des groupes armés.
Les deux opposants ont également critiqué la politique du président Félix Tshisekedi, l'accusant de contribuer à la division et à la partition du pays. Leur analyse rejoint celle de nombreux Congolais qui estiment que le processus de Luanda, censé être une solution aux conflits dans l'Est, est désormais dans l'impasse. "Les efforts pour résoudre la crise semblent échouer, et il est impératif d'explorer d'autres voies", ont-ils ajouté.
L'appel de Mukwege pour redynamiser l'Accord-cadre d'Addis-Abeba
Dans un communiqué publié le même jour, le Prix Nobel de la paix 2018, le Dr Denis Mukwege, a plaidé pour la redynamisation de l'Accord-cadre d'Addis-Abeba, signé en 2013. Cet accord avait pour objectif de traiter les causes profondes du conflit et de mettre fin aux cycles de violence dans l'Est de la RDC et la région des Grands Lacs. Denis Mukwege a insisté sur le fait que cet accord était "la dernière initiative sérieuse" pour tenter de résoudre ce conflit meurtrier. Il a souligné que, bien que plusieurs États et institutions aient été impliqués, les promesses de l'accord demeurent en grande partie non réalisées.
Pour le prix Nobel de la paix, face à l'échec des initiatives actuelles, il est donc important de remettre cet accord à l'agenda international afin d'enclencher une désescalade des tensions et de relancer le processus de paix.
"L'homme qui répare les femmes" a également insisté sur la nécessité pour la communauté internationale d'adopter des sanctions contre le Rwanda tant que ce dernier continue de soutenir le M23, un groupe rebelle accusé de déstabiliser la RDC. "Le seul langage qui aura des effets concrets est celui des sanctions", a-t-il conclu, tout appelant dans la foulée les puissances internationales à agir avec fermeté.
La position de l'ACAJ et l'appel à la CPI
De son côté, l'Association congolaise pour l'accès à la justice (ACAJ) a exhorté la Cour pénale internationale (CPI) à accélérer l'examen de la plainte déposée contre les responsables des crimes graves commis dans l'Est de la RDC, y compris des responsables politiques, militaires et des sociétés multinationales impliquées dans l'exploitation illégale des ressources naturelles.
L'ACAJ a salué les efforts du président angolais João Lourenço pour sa médiation, mais a insisté sur le fait que des mesures plus décisives étaient nécessaires pour mettre fin à la violence.
L'ACAJ a également recommandé à la communauté internationale, notamment au Conseil de sécurité des Nations Unies, à l'Union européenne et à l'Union africaine, d'envisager de nouvelles sanctions contre ceux qui entravent le processus de paix ou soutiennent les violations des droits de l'homme dans l'Est de la RDC.
La déception de l'Union européenne
L'Union européenne, par l'intermédiaire de son représentant spécial pour la région des Grands Lacs, Johan Borgstam, a exprimé sa déception en raison de l'échec de la tripartite de Luanda.
"C'était une occasion de partager notre déception pour ce qui s'est passé à Luanda", a déclaré Borgstam après une rencontre avec la ministre des Affaires étrangères de la RDC, Thérèse Wagner Kayikwamba. L'UE a rappelé sa position claire sur la présence des troupes rwandaises en RDC, exigeant leur retrait immédiat, ainsi que la cessation du soutien du Rwanda au M23.
Le diplomate européen a également souligné que la RDC devait assumer ses responsabilités en démantelant les FDLR, un autre groupe armé actif dans l'Est. L'UE, qui reste fermement engagée dans la stabilité de la région, a réaffirmé son soutien aux initiatives diplomatiques, tout en insistant sur la nécessité de faire pression sur les parties responsables de l'escalade des violences.
"C'est également une opportunité pour moi de rappeler la position très claire et très ferme de l'Union européenne, par rapport à la présence des troupes rwandaises sur le sol congolais, c'est-à-dire que ces troupes doivent se retirer. Il faut que le soutien rwandais pour le mouvement M23 cesse. Il faut aussi que la République démocratique du Congo assume ses responsabilités, et démantèle les FDLR", a conclu Johan Borgstam.
Rwanda de saboter le processus de paix de Luanda
Prévue pour réunir les présidents Félix Tshisekedi (RDC) et Paul Kagame (Rwanda) sous la médiation du président angolais João Lourenço, la rencontre de Luanda n'a finalement pas eu lieu en raison du refus de la délégation rwandaise d'y prendre part.
Le sommet de Luanda était censé désamorcer les tensions croissantes entre la RDC et le Rwanda, dont les relations sont marquées par des accusations réciproques d'ingérence militaire et de soutien à des groupes armés.
Cependant, dès le samedi 14 décembre, lors des discussions préparatoires, Kigali a posé une condition à sa participation : un dialogue direct entre la RDC et le groupe armé M23, une fraction que le gouvernement congolais considère comme un mouvement terroriste. Cette exigence a été fermement rejetée par Kinshasa, qui refuse toute forme de négociation avec le M23. Conséquence logique : Le Rwandais Kagame a décliné de manière peu élégante l'invitation de son homologue angolais João Lourenço.
"Le président Félix Tshisekedi, dans un geste de considération pour la médiation, s'est rendu à Luanda pour témoigner de son engagement envers la paix. En refusant de venir, le président rwandais a prouvé qu'il privilégie une forme de paternité envers le M23, au détriment de la stabilité régionale", a déclaré le porte-parole du gouvernement.
Kinshasa plaide pour des sanctions internationales
Face à cette impasse, la RDC appelle la communauté internationale à prendre des mesures fermes contre Kigali. "Le Rwanda ne peut continuer à violer l'intégrité territoriale de la RDC sans conséquences. Nous exhortons le Conseil de sécurité des Nations unies à agir", a déclaré Thérèse Kayikwamba Wagner lors d'un briefing presse tenu dimanche 15 décembre.
Malgré cet échec, Kinshasa reste déterminé à poursuivre la voie diplomatique. Patrick Muyaya a confirmé que le gouvernement congolais consulterait les experts des Nations unies et les partenaires régionaux pour évaluer les prochaines étapes. "Nous n'abandonnerons pas. La paix demeure notre priorité, même face aux manœuvres de sabotage", a-t-il conclu.
Christian-Timothée MAMPUYA