Qui est le pape François ? Mort le lundi de Pâques, 21 avril 2025

(Texte écrit en janvier 2023 par Jean-Baptiste Malenge, journaliste sur le vol papal)

Elu 266ème pape à 76 ans, le 13 mars 2013, intronisé le 19 mars 2013. Il y a près de 10 ans. Il prend le nom de François, en mémoire de saint François d’Assise (1181-1226). Il demande à être appelé «François» et non «François premier».

- Jorge Mario Bergoglio a 86 ans. Il est né le 17 décembre 1936 dans un quartier populaire de Buenos Aires, en Argentine, en Amérique du sud. Ses parents étaient d’origine italienne. Il est l’aîné des cinq enfants de Mario Josè Bergoglio et Régina Maria Sivori.

- En 1953, à 17 ans, lors d’une confession, il se sent appelé à entrer au couvent (Il rompt ses fiançailles avec une jeune fille !).

- Après un diplôme de technicien en chimie, il entre au séminaire diocésain puis au noviciat des jésuites en 1958.

- Il est ordonné prêtre le 13 décembre1969.

- Il a été professeur de littérature et recteur de collège.

- Il est maître des novices en 1972, et un an plus tard, à 36 ans, il est nommé provincial des jésuites d’Argentine (jusqu’en 1979). De 1976 à 1983, le pays vit sous une dictature militaire.

- En 1986, en Allemagne, il a commencé une thèse de doctorat en philosophie. Il rentre en Argentine, il est recteur d’université et professeur de théologie et curé de paroisse.

- Le 22 mai 1992, le pape Jean-Paul II le nommé évêque auxiliaire de Buenos Aires. Il devient évêque coadjuteur en 1997 et archevêque le 28 février 1998.

- Le pape Jean-Paul II le crée cardinal le 21 février 2001.

- Il participe au conclave de 2005, qui élit le pape Benoît XVI.

- Il est élu pape à 76 ans le 13 mars 2013. Il est intronisé le 19 mars 2013.

- Le voyage en RDC, du 31 janvier au 3 février 2023, sera son quarantième voyage hors d’Italie.

Dix repères pour comprendre François

1. Réforme et conversion

Les cardinaux réunis en conclave après la démission du pape Benoît XVI avaient voulu un pape qui mène des réformes (de la Curie). «Nous devons trouver un nouvel équilibre, autrement l’édifice moral de l’Église risque de s’écrouler comme un château de cartes, de perdre la fraîcheur et le parfum de l’Évangile». François a promulgué le 19 mars 2022, fête de saint Joseph, la constitution apostolique Praedicate Evangelium (Annoncez l’Évangile) sur le fonctionnement et la mission de la Curie romaine, administration centrale de l’Église. La nouvelle Constitution, qui remplace Pastor Bonus promulguée par Jean-Paul II en 1988, est entrée en vigueur à la Pentecôte, le 5 juin. C’est la synthèse des réformes qu’il a entreprises pour rappeler que l’évangélisation est la première mission de l’Eglise, avant toute doctrine. Pour le pape, la Curie n’est pas entre le pape et les évêques, mais au service du pape et des évêques, et au service de l’Eglise et du monde. La Réforme porte notamment sur la gestion économique. Le pape a ainsi réformé la Banque du Vatican (IOR, Institut pour les Œuvres de Religion) et créé un Secrétariat pour l’économie. Il a aussi réformé les médias du Vatican et nommé un laïcs préfet du dicastère de la communication.

2. Humilité et simplicité

On dit que la prédication du pape François et simple et quotidienne. Jorge Mario Bergoglio s’est choisi le nom de François, en mémoire de saint François d’Assise, le saint des pauvres et de la paix. François « ne supporte pas d’être enfermé dans une ‘caisse de verre’ (la papamobile) ou d’être isolé au sommet d’un podium, fût-il liturgique, ce qui l’empêche d’entrer en contact direct avec les personnes comme elles sont » (L’Eglise que j’espère, 7-8). Au Vatican, il habite la maison sainte Marthe et non le palais apostolique. A Buenos Aires, l’archevêque a refusé de loger dans la résidence des archevêques. Il a préféré un petit appartement près de la cathédrale. Il prenait le transport en commun, il n’avait ni chauffeur ni cuisinier. Le soir du 13 mars 2013, le nouveau pape ne porte pas d’ornement spécial, il salue la foule en disant simplement : « Frères et sœurs, bonsoir. » Le 19 mars 2013, lors de la messe d’inauguration comme pape, il termine en souhaitant « bon appétit ! ». Comme pape, il garde sa devise archiépiscopale : « Miserando atque eligendo » (Il explique : « Je suis un pécheur sur lequel le Seigneur a posé son regard de miséricorde. »).

3. Prière et écologie

Certains de ceux qui parlent avec le pape ont eu l’impression de parler avec quelqu’un qui est « plongé en Dieu », en prière, dans la contemplation et l’action. Le pape demande qu’on prie pour lui. Il tient la prière pour la clé de la vie et de l’apostolat. Le 13 mars 2013, avant de donner la bénédiction à la foule réunie sur la Place saint Pierre, il a demandé de prier pour lui. Il recommande beaucoup la prière d’intercession pour le monde. Il demande, par exemple, aux gouvernants de prier. Et il demande de prier pour les gouvernants : « Ne pas prier pour les gouvernants est un péché ». Le pape a aussi souligné la place de saint Joseph dans la prière et dans l’histoire du salut. Il a dédié à saint Joseph l’année jubilaire 2021 et l’a conclue par la lettre apostolique Patris corde. Il a introduit saint Joseph dans le canon de la messe, le 1er mai 2013. Comme François d’Assise, il tient aussi au respect de l’environnement, de l’écologie. Le pape François a publié sa première encyclique Laudato Si pour rappeler que la nature, la terre est notre «maison commune» à entretenir, à sauvegarder. Laudato Si traite de la sauvegarde de la création, de l’écologie intégrale et du développement humain durable.

4. Fraternité et unité

Le voyage du pape François en RDC est placé sous le signe de la fraternité : « Tous réconciliés ». Il s’agit d’étendre le soin de la nature à la nature humaine. La dernière lettre encyclique en date, Fratelli tutti (Tous frères), porte sur l’amitié et la fraternité sociale. «Lancer des ponts» plutôt que «dresser des murs» est un objectif. Le pape marque aussi par son ouverture vers les autres chrétiens, protestants, orthodoxes, musulmans et adeptes d’autres religions. Il condamne l’injustice et la bêtise de la guerre. Il dit que notre monde affronte une guerre mondiale par morceaux. Le 25 mars 2022, il a renouvelé la consécration au Cœur Immaculé de Marie du monde et en particulier de la Russie et de l’Ukraine, deux pays en guerre. La guerre est « inhumaine et sacrilège », a-t-il dit. A la prière de l’Angélus du dimanche 27 mars, il a déclaré que « le moment est venu d’abolir la guerre, de l’effacer de l’histoire de l’humanité avant qu’elle n’efface l’homme de l’histoire ».

5. Périphéries et immigrés

«Lancer des ponts» plutôt que «dresser des murs». François est le pape des «périphéries de l’existence» et de «notre cœur». Dans Fratelli tutti, il donne en exemple le Bon Samaritain. Le fils d’un immigré arrivé d’Italie en Argentine en 1927 lutte pour l’accueil des immigrés en Italie, en Europe. Lui que les cardinaux étaient allés chercher «au bout du monde». Pour lui, l’Eglise sera une «Eglise en sortie», moins «autoréférentielle», moins «narcissique». Dès le 8 juillet 2013, il a effectué son premier voyage hors de Rome à l’île sicilienne de Lampedusa, porte d’entrée en Europe de milliers d’immigrants et réfugiés africains. Le pape a alors condamné la «mondialisation de l’indifférence». Son trente-sixième voyage hors d’Italie, le pape l’a effectué du 2 au 3 avril 2022 à l’Ile de Malte. Il a plaidé pour l’évangélisation du pays mais aussi pour l’accueil des immigrants de la Méditerranée. En outre, le pape a institué au Vatican une Commission Covid 19 pour réfléchir sur la crise du coronavirus. Il dit avoir retenu beaucoup de leçons de cette pandémie.

6. Synodalité et rencontre

François lutte contre le cléricalisme, la trop grande distance entre le clergé et les fidèles. Il propose que la gouvernance dans l’Eglise se fasse dans la communion et la participation de tous. Il s’est entouré d’un «conseil de cardinaux» depuis le début pour mener la réforme de la Curie. C’est déjà le besoin de la synodalité. Les Eglises locales doivent jouer un rôle important loin de la Curie romaine. Désormais, suivant la constitution apostolique Praedicate evangelium, un laïc ou une laïque, selon leur compétence, peuvent diriger un dicastère du Saint-Siège. Bien plus, dans le domaine de la communication, le pape arrive sur les réseaux sociaux Twitter et Instagram surtout pour rencontrer les jeunes. La rencontre doit caractériser l’évangélisation.

7. Miséricorde et espérance

Le pape François rappelle qu’il est un pécheur pardonné. Il a publié la lettre apostolique «Misericordia et Misera», «miséricorde et pauvreté», au lendemain de la clôture de l’année de la Miséricorde (2015-2016). Il déclare que la miséricorde constitue l’essence même de l’Eglise. «Je vois l’Eglise comme un hôpital de campagne après une bataille», qui soigne d’abord les blessures avant d’aborder le reste… Pour François, «les ministres de l’Eglise doivent être avant tout des ministres de miséricorde» (L’Eglise que j’espère, 68).

8. Famille, joie et tendresse

La première exhortation apostolique de François est intitulée Evangelii gaudium «l’Evangile de la joie» (24 novembre 2013). Le chrétien ne doit pas avoir un visage de carême. Aux consacrés : là où il y a des consacrés, il y a la joie. Le pape prêche la «révolution de la tendresse ».

L’encyclique Amoris laetitia (19 mars 2016) parle aussi de la joie… de la famille. La pastorale de la famille est, avec la réforme de la Curie, l’une des deux plus grandes réformes qu’il entreprend. Il insiste sur la famille et sur la vie conjugale. Il parle des sacrements, de la sexualité, de l’érotisme et de l’éducation sexuelle. Le thème de la famille a eu droit à deux Synodes des évêques. Le pape lutte contre la pédophilie et les abus contre mineurs et personnes vulnérables. Il insiste sur une présence plus importante de la femme dans l’Eglise. Il consacre aux jeunes l’exhortation Christus vivit du 25 mars 2019.

9. Une attention particulière à la République démocratique du Congo

Du 31 janvier au 3 février, le pape effectue en RDC son quarantième voyage hors d’Italie. Il vient raviver la foi et l’espérance du peuple congolais. Il a souvent prié pour la paix dans l’est de notre pays. A maintes reprises, il a élevé sa prière pour l’instabilité et la violence dans notre pays. Il l’a en particulier manifesté lors de la messe qu’il a présidée en «rite congolais» le dimanche 1er décembre 2019 en la Basilique Saint Pierre de Rome à l’occasion des vingt-cinq ans de la communauté congolaise de Rome. La RDC est un pays catholique dans la majorité de sa population. Un catholique africain sur cinq est congolais !

Parlant le 15 décembre 2022 de son voyage en RDC à la revue missionnaire « Mundo negro », le pape a dit : « J’ai hâte de faire ce voyage dès que possible. » Il a aussi dit : «Et la République démocratique du Congo, c’est comme un rempart, un bastion d’inspiration.» Le pape s’est aussi dit «proche» de la communauté congolaise de Rome.

En Afrique, le pape s’est déjà rendu quatre fois notamment au Kenya, en Ouganda, en Centrafrique en 2015 ; en Egypte en 2018, au Maroc en 2019, puis au Mozambique et à l’Île-Maurice.

10. Jésuite

Lors de tous ses voyages apostoliques, le programme du pape François prévoit un moment de rencontre avec ses confrères jésuites. A Kinshasa, ce sera le jeudi 2 février 2023 à 18h30 à la Nonciature apostolique. Jorge Mario Bergoglio est le premier jésuite de l’histoire devenu pape. Tous les jésuites font un « quatrième vœu » d’obéissance au pape. Du fondateur saint Ignace de Loyola, François a retenu qu’il faut le discernement et qu’il faut chercher et trouver Dieu en toutes choses.

Jean-Baptiste MALENGE Kalunzu

jbmalenge@gmail.com

+243998365376

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